samedi 12 octobre 2013

ANONYMES DE NOTRE TEMPS

J'ai récemment retrouvé ce texte (que je croyais perdu) sous forme de l'étrange affiche jointe, en brassant d'énormes archives pour préparer mon expo-photo. L'affiche me fut donnée en cadeau d'adieu par l'ami « poète acharniste » genevois Jean Firmann, au moment de mon départ de cette ville. Et, à l'évidence, je soupçonne Jean d'être l'inspirateur de ce texte, « anonyme » à souhait : nous sommes innombrables à déjà l'approuver et donc avoir rejoint cette lutte vitale.
Ce texte est daté de 1900+...84 : il peut sembler « préhistorique » pour certains adeptes du transhumanisme et autres fous-du-dieu de la religion née dans la Silicon Valley dédiée à la robotisation de l'humain (voir le film d'Arte de 2008). Mais je suis sûr que pour les autres – nous tous ! - cette « préhistoire » a un grand avenir !
Mais en 2013, il reste hélas– pour l'essentiel – d'actualité ! 
Par exemple cette phrase du dernier paragraphe :
« Chacun de nous est partie vivante de cette terre et en conséquence nul ne peut nuire à aucune partie de cette terre sans se nuire à lui-même. »
Le seul gros reproche que je puisse faire à ce texte est sa signature trop datée : « Anonymes XX° siècle », au lieu de « Anonymes de notre temps » : d'où le titre du billet !


Rem*


- - - Eaux-Vives, le 2 novembre 1984

GRELOT UN
De l'éponge verte d'un seul arbre / le ciel tire son suc violet – Saint-John Perse
Il en est qui laissent des poisons / d'autres des remèdes – René Char
J'avance pour bénir / je plante l'arbre à pain – Henri Michaux

UNE LETTRE OUVERTE POUR LES VIVANTS

Il faut le dire tout net : l'enclenche est alarmée ! La nature aujourd'hui souffre trop pour souffrir d'attendre plus longtemps !
Aveuglement, l'homme, égoïste et borné, détruit son environnement, saccage hystériquement, son air, sa couche et son vivier. Pourquoi cette collective orgie de l'autodestruction ? Pour plus de profit, pour plus de réputé confort, plus de prétendus raffinements. Mettre en péril, un fonctionnement aussi génial, un nœud aussi vital que la photosynthèse... pour plus d'avoir, plus de tiédeur, plus de matérialisme niais, plus de leurres boulimiques et douillets, plus de rationalisme nabot et fat... ah ! Le pari débile, ah ! La roulette frustre.
Posément, la tête froide, en conscience, il faut dire maintenant que jamais l'humanité, dans son ensemble n'a connu heure aussi grave, aussi interrogative. Car l'homme peut sauver la terre. C'est de cela qu'il s'agit. De rien moins que cela. Il faut tout mettre dans cette lutte. Et elle sera gagnée. Tout le savoir et toute l'institution, tout le pouvoir et toute l'imagination, toute la finance, toute la technique et tout le respect de la vie pour la vie, tout l'humanisme, tout le désarmement, toute la paix dans cette lutte. Il n'y a rien là d'utopique. La mort des lacs, des forêts, n'est qu'un des signes du désordre essentiel que nous avons installé par inconscience. En réalité, chacun dans son for intérieur le sait, le pressant avec force et netteté : la nature ne peut indéfiniment éponger les épanchements suicidaires de l'homme. Torturée, elle a commencé d'agir sa souffrance. Et cette action, cette très périlleuse spirale douloureuse, si l'on ne cesse au plus vite de l'alimenter, pourrait bien nous poser brutalement, les questions que par angoisse-même, par grande crainte, l'on s'acharne à éluder.
Circulez ! Y'a rien à questionner !
1984 :c'est cela. 1984 :c'est ce carrefour. Le Big Brother de George Orwell (par exemple) s'est simplement travesti en pollution mortelle (du substantif « mort »). Cette pollution constituée des quelques cinq millions de substances diversement toxiques vomies journellement par les civilisations actuelles, par centaines de tonnes dans l'environnement planétaire – si harmonieux et si fragile, si délicatement agencé -, par milliers de tonnes dans l'atmosphère de notre planète – cette précieuse et filtrante matrice, qui n'est pas bien grande en fait... neuf kilomètres de hauteur seulement, tout autour du globe... une bulle! -, cette pollution, comme le Big Brother d'Orwell, est partout. Infusions des boomerangs ! Diffusion cinglante et saisissants détours des manivelles !
La terre gémit, sanglée dans des frontières qui la boudinent et la violacent, des frontières dérisoires et mégalomaniaques que certains peuples guerriers d'aujourd'hui exportent déjà jusque sur la lune ! Mais la pollution, qui n'est autre que l'obscène déjection des multiples égoïsmes humain, des égoïsme insensés et de la courte, si courte vue des races, des idéologies, des religions – ah ! Dogmes et doctrines du racornissement délibéré de l'homme -, se moque des frontières tout comme la lutte nouvelle qu'il faut mener doit se rire des concepts étriqués et des idées reçues. Que l'homme apprenne enfin à discerner l'essentiel du vain falbala, à distinguer la vérité vive et crue du mensonge ouatiné, de l'illusion détestable, de la sinistre ignorance et des très fameux petits tours autour du pot. Que l'homme enfin s'exhausse et ose respirer à sa plus vaste mesure, de sa plus ample interrogation, en tous domaines recherchant ce que l'homme a cru voir.
Paix sur la terre aux arbres de bonne volonté !
Merci Franz Weber de brandir aujourd'hui votre référendum. C'est un geste concret d'une portée cruciale puisqu'il propose aux personnes de dire, chacune à sa manière, que le massacre a assez duré, de travailler chacune selon ce qu'elle est et selon ce qu'elle en train de devenir, à sauver tout ce qui peut l'être. Bref de dire : je veux vivre.
En harmonie propulsive avec tout ce qui, sur terre et dans l'univers, du plus élémentaire au plus complexe, agit ce même murmure : je veux vivre. C'est de tout notre être que nous vous disons également courage, en souhaitant que votre lutte-même, paisiblement, vous vivifie. Et que vous viviez longtemps au milieu d'êtres humains qui, prenant rapidement de l'erreur suicidaire que constitue le mode de vie expansif et vorace prôné et pratiqué par la quasi-totalité des peuples terriens de 1984, à l'est comme à l'ouest, au nord comme au sud, se mettent enfin à appeler un chat un chat, à utiliser leurs capacités si fabuleusement diversifiées, pour sauver la terre d'abord, pour créer ensuite un nouvel âge inventif et aimant !
Nous souhaitons un plein succès à votre lutte, qui est aussi la nôtre, et celle heureusement de pus en plus de personnes. Ils existent, ils sont nombreux, celles et ceux qui sont en train de discerner l'urgence et de comprendre que chacun de nous est partie vivante de cette terre et qu'en conséquence nul ne peut nuire à aucune partie de cette terre sans se nuire à lui-même. Cette vérité très simple est l'outil paisible qui rend en fait à chacun le pouvoir d'agir avec efficacité.
Hêtres ou ne pas être. Avec notre plus large sourire et cette chaude impression que les Indiens ne sont plus très loin.
ANONYMES XX° SIÈCLE

Sous l'casque d'Erby 


13 commentaires:

  1. Un seul hêtre vous manque, et tout est dépeuplé. La faute à quelques inhumains qui ne savent que commander à tout : humains, animaux, plantes, roches, eau, ciel, Terre. Sans doute ne sont -ils que des coques vides, sans doute cette passion d'être au-dessus leur sert-elle a paraître moins inutiles, alors qu'ils ne sont que nuisibles.

    Vivre en harmonie est pourtant tellement plus beau ! L'existence a pourtant déjà des cahots, pourquoi faut-il y ajouter d'égoïstes ambitions dévorantes, au point de ravager des millions, des milliards d'êtres ?

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  2. Bonjour les gens. Temps d'inquiétude bucolique.
    Heureux de lire le très rare et très précieux Jean Firmann donnant la parole aux anonymes dont on ne parle qu'à l'occasion de célébrations militaires des boucheries nationales (le soldat inconnu, fauché comme un con au "champ d'honneur") ou chez les politicards lors de campagnes électorales pour que se perpétue la religion de la mort, celle de l'homme et celle de sa compagne de toujours, la nature, sans qui toute vie est impossible, au nom d'un seul Dieu, l'argent !...
    Erby du jour raccord !

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  3. Oui j'approuve mon Rémichhh ce texte des profondeurs extirpées pour venir appuyer la verve verte des luttes qui jusqu'à nos jours gris, n'ont pas pris un pli , trace de vieilleries. Qu'encore nous dussions à grand cris, dans ses jours des temps extrêmes de déséquilibrent, forger encore et encore,le bouclier de plus en plus fragile pour contrer les forces trop vives, de l'égoïsme humain putride.

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  4. L'Erby est bien choisi, en rapport avec notre grand photographe

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  5. "Depuis ce mercredi, les habitants de 14 villages de l’est de la Côte d’Ivoire manifestent contre la surexploitation minière qu’ils accusent d’avoir détruit leurs terres agricoles et de menacer à présent les populations. Et le gouvernement reste sourd à leur appel.
    Ce n’est pas la première fois que les habitants de la région de Bondoukou laissent exploser leur colère. En mai dernier, nous avions déjà rapporté la raison de leur courroux : ils dénonçaient l’absence d’indemnisation pour les ravages causés sur leurs terres par l’exploitation du manganèse, un minerai notamment utilisé pour la fabrication de l’acier"...
    Côte d’Ivoire : les victimes de l’exploitation minière crient leur colère, Ils disent être en train de mourir

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  6. Merci les amis d'avoir si vite et bien publié ce premier billet ce ce nouveau blog, tout beau tout neuf comme une fronde acharnée à lancer ses cailloux dans les brouillards... que sont les dépeceurs de la Planète. Et, avec ma première intervention dans le collectif du groupe, je suis très heureux d'inviter mon ami Jean Firmann, à l'esprit vif comme "les Eaux-Vives" de Genève où il réside. Jean, dont l'énergique profil ressemble au beau crobard d'Erby - heureux hasard! -, avait accepté l'étiquette que je m'étais un jour hasardé à lui donner : "poète acharniste". Mais il bien entendu tout autre chose qu'une étiquette : un artiste mêlé de près à la vie culturelle de la vraie société genevoise (pas celle des banques...), notamment pour les évènements musicaux, etc. (il anime entre autres le collectif "Viva la Musica"...). C'est cet esprit créatif de "poète acharniste" que je me souhaite et souhaite au présent blog, au moment de le rejoindre... "Viva Domani"!

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  7. Il y a quelques coquilles et mal-dits dans mes lignes précédentes. Notamment en 1°ligne, lire :"premier billet DANS ce nouveau blog". Excusez-moi : je suis déjà en retard pour réussir ma dernière journée officielle d'expo-à-domicile... qui restera visitable sur rdv jusquà la fin du mois... Mais il y a déjà des résultats positifs dont celui de pouvoir ré-éditer les 32 cartes-photos de "SurPrises de Vue", qui ouvre mon site-photo, qui est en cours de développement...

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    1. Rappel pour les retardataires à l'expo de Rémi : 35 rue Jean Jaurès - Saint-Nazaire :
      surprises de vue

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    2. Merci pour ce rappel, lediazec. OUF!...Mon expo "officielle" s'est terminée comme toujours avec plus de visites imprévisibles qu'attendues. Elle restera visitable tout le mois sur rdv (mail remi.begouen@free.fr ou tel 02 40 66 08 39 SANS le répondeur).
      J'ai pu continuer à y faire de la pub pour le blog Cailloux... et ce jour sur ces "anonymes de notre temps" que je suis heureux de voir paraître en ce jour de clôture : bon relais vers de nouvelles zaventurres (pourvu qu'ça durre) dans le brouill'art de la vie!

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  8. Voilà un beau et bon lien adressé au vivant
    http://lesbrindherbes.org/2013/09/30/comment-sancrer-a-la-terre-pour-mieux-vivre-les-transformations-a-venir/

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  9. Juste comme çà... le premier épisode de la série concoctée par les élèves de mon fils va arriver très bientôt, et les "gamins" nous offrent un petit-avant-goût. Sans aide !

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  10. Pour en savoir un peu plus sur le prolifique Franz Weber (cité vers la fin du billet), j'ai trouvé çà sur wikipedia :
    fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Weber

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